Voici un mystère tout aussi important que la présence du Retable dans cette église... En 1957, les Beaux-arts autorisèrent la restauration du maitre-autel afin de le remettre dans son état primitif. La pierre d'autel fut déplacée mais aucun sépulcre, c'est-à-dire aucune cavité, permettant de loger l'objet servant à la consécration n'apparut, ce qui laissa à penser que l'église n'avait pas pu être consacrée.
L'abbé Romagne s'en inquiéta gravement et très inquiet sur ce sujet, un ouvrier tapota avec un marteau-piolet dans l'espoir de découvrir une cavité qui donnerait un son creux, ce qui arriva au bout de quelques minutes.
Quelques coups légers permirent de desceller une pierre qui obstruait une toute petite cavité. Au fond se trouvait un minuscule vase de consécration qui s'avéra être une Pyxide joliment décorée, une boite à osties, de 7,5 cm de haut. Elle contenait des reliques dont l'origine est inconnue ainsi qu'un tout petit manuscrit rendu illisible par le temps.
Ce qui est étonnant, c'est que la même Pyxide se trouve dans le trésor du Duomo de Milan et que toutes les deux datent du XIème siècle, 1056 exactement, l'artisan étant connu. Il y a entre ses deux merveilles une différence très importante, celle de Névache n'a plus sa Croix soudée au sommet du couvercle tandis que celle de Milan l'a conservée, pourquoi ?
L'abbé Romagne en a conclu que bien avant la consécration de l'église de Névache en 1537, il devait exister une chapelle dans le fort et que cette dernière avait dû déjà être consacrée avec cette même Pyxide. Mais pour lui, si la croix a été coupée, ce serait parce que le sépulcre était trop petit… et tout ça se serait passé en présence de l'archevêque d'Embrun !!!!
Pierre ne peut imaginer une seconde que cette explication soit vraie. Avant qu'ait lieue la consécration, le curé choisit l'emplacement du sépulcre et veuille que l'ouvrier ait creusé une niche de taille satisfaisante. Si ce n'est pas le cas, quelques coups de burin permettent de l'agrandir très rapidement, mais en aucun cas, on ne briserait un symbole aussi fort sur lequel Rome a développé tous ses dogmes.
La personne qui ferait un tel acte serait d'abord excommuniée mais certainement condamnée à une trés lourde peine, peut-être à la mort. Ses biens seraient saisis au bénéfice de l'église ou de son dénonciateur…
Autre détail que Pierre tient à souligner, la commune de Névache ayant été placée sous protection royale, la consécration de son église n'a pu se faire qu'avec la présence d'une personne appartenant à la famille royale ou son délégué. Hors, on ne trouve aucune trace écrite de cette consécration sauf la date de 1537 gravée sur une boiserie… Pourquoi ?
Sans doute parce que cette consécration a été effectuée beaucoup plus tôt en dehors de l'église apostolique romaine par un groupe qui ne supportait plus les agissements scandaleux des papes et des prélats de Rome. Mais les durcissements contre les Vaudois et les protestants justifièrent certainement une consécration officielle… mais a t'elle vraiment eut lieu ?
Pour revenir à cette merveilleuse Pyxide, Pierre a de bonnes raisons de croire qu'elles ont toutes les deux été fabriquées par un artisan milanais en 1056, et que l'une d'elle a été amenée à Névache en 1080 par une communauté de personnes vivants dans la seule sagesse des Évangiles, en dehors de l'autorité abrutissante de Rome et souhaitant se retirer de la vie très agitée d'une ville comme Milan pour venir vivre plus près de Dieu.
La décoration de cette Pyxide est basée sur deux motifs répétés six fois, une fleur à six pétales qui pourrait rappeler les nombreuses étoiles à six losanges présentes partout dans l'église, et un motif pouvant ressembler lui aussi à une matrice féminine comme les deux décorations dans le haut du cadre central du Retable.
Si comme le pense Pierre, le style de la Pyxide a été repris pour donner une identité particulière à cette église, qui a bien pu suivre ce travail qui s'est étalé sur plusieurs siècles, de l'an 752 jusqu'en l'an 1789 ?
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