L'ÉTONNANTE ÉGLISE de NEVACHE
DÉDIÉE au FÉMININ SACRÉ...

Page 1 : Névache et la Vallée de la Clarée

Un archevêque et un saint se disputent à propos de la Bible, un autre archevêque et un autre saint se disputent avec les mains... Que ce soit par la théologie ou par la philosophie, il semble évident que ces quatre hommes sont loin d'être sereins...

De plus, ils tournent le dos à un Jésus qui semble bien vivant et qu'ils n'écoutent plus depuis longtemps... Au-dessus des deux archevêques, deux femmes dansent... C'est la première fois que Pierre voit une femme placée au-dessus d'un homme d'église.

Sur les deux pylônes latéraux, deux reines, Jeanne de France et Anne de Bretagne, sont représentées sans fard, sans bijoux, sans couronne et sans la moindre trace de luxe, toutes les deux écrasées par les deux mêmes archevêques. Or dans le retable, non seulement deux autres femmes sont au-dessus mais en plus, elles tendent leurs deux bras à Jésus comme pour lui demander de venir les rejoindre.

Encore plus surprenant, au milieu du retable se trouve Marie présentant l'enfant Jésus à bout de bras. Or il est difficile de discerner son visage et en regardant de plus près, on peut découvrir la présence d'un Phénix qui porte un gros cordon autour du cou et qui s'apprête à prendre son envol. En tout, cinq Phénix sont présents dans cette église... Or un Phénix renait de ses cendres tous les 500 ans... Faites le compte, les travaux ont commencé en 1487, le Retable avec son Phénix a été réalisé entre 1512 et 1522 et l'église a été consacrée en 1537 !!!

Les interventions de Jacques Gélu étaient orientées afin que l'on croit en Jeanne d'Arc et surtout, qu'on l'écoute. Malheureusement, il meurt en 1437 mais heureusement, il a écrit un document très important, "le Traité de la Puella", Puella voulant dire "Jeune fille" en italien, document qu'il a largement distribué à des personnes en qui il avait confiance et c'est ce document qui servira 14 ans plus tard pour entamer le procès en réhabilitation de Jeanne d'Arc.

Névache est située dans une vallée fermée au Nord de Briançon dans le département des Hautes-Alpes. Ses terres forment la frontière avec l'Italie qui est toute proche, le col de l'Échelle permettant d'y accéder rapidement en dehors de la saison enneigée. Cette vallée porte le même nom que le torrent qui la traverse, la Clarée, auparavant "la Claire" et même "la Clairée". Pierre pense que son vrai nom devait ressembler à "L'Éclairée" et pourquoi pas à "La Vallée des Éclairées"…

L'altitude du hameau de Ville-Haute, hameau principal de Névache, est de 1620 mètres et avant que des activités touristiques orientées vers la randonnée, le ski de fond et la raquette ne se développent, seule l'agriculture de montagne mais surtout l'élevage des vaches et des moutons permettait à une communauté très pauvre d'y vivre dans la plus grande simplicité.

Pourtant, au centre du hameau de Ville-Haute, se trouve une église étonnante, un ancien fort qui a ensuite servi d'hospice à une communauté d'Antonins et que Charles VIII aurait fait transformer pour des raisons que Pierre trouve fantaisistes et non justifiées. C'est bien ce qui est gravé sur la porte Ouest comme sur le linteau de la porte Sud, mais dès que l'on explore l'intérieur du bâtiment, "Karolus" n'y est présent nulle part, il n'y a plus aucune présence masculine à l'intérieur… que des religieux douteux.

Grâce au document sur la Puella de Jacques Gélu, le procès en réhabilitation de Jeanne d'Arc est engagé en 1451 par le Pape Nicolas V et il se conclut en 1456 par son successeur Calixte III. Il faut savoir qu'à cette époque, il est formellement interdit de parler d'une hérétique sans prendre le risque d'être dénoncé et d'être ensuite jugé comme hérétique. Si les femmes de la noblesse veulent travailler à la venue d'une seconde Jeanne d'Arc, elles doivent d'abord obtenir la réabilitation de cette héroïne.

31 ans plus tard, la transformation étonnante d'un vieux fort perdu dans la montagne aurait été financée par deux Reines de France et Pierre se demande si les femmes qui ont financé ce projet n'ont pas cherché à créer un espace protégé qui favoriserait l'émergence d'une seconde "Puella". Le but serait de terminer le travail entamé par Jeanne d'Arc, libérer la France mais aussi et surtout libérer les femmes de l'emprise des hommes de pouvoir et de la pression insupportable des religieux…